Alessandro Morbidelli

Alessandro MORBIDELLI

Chercheur au CNRS, né  le 2 mai 1966 à Priocca (Italie).

Directeur de recherche à l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA), il a effectué  un doctorat en mathématique à l’Université de Namur en Belgique,  avec une thèse sur les méthodes perturbatives pour l’étude de la dynamique des petits corps du Système solaire. Arrivé  en stage post-doctorat à l’OCA en 1992, il a ensuite été recruté  au CNRS en 1993, étudiant d’abord les processus dynamiques qui permettent aux astéroïdes de s’échapper de leur « réservoir », entre Mars et Jupiter, pour venir croiser les orbites des planètes telluriques. Ce travail a culminé, en 2000, par la construction d’un modèle de distribution orbitale des astéroïdes géocroiseurs, qui est encore une référence aujourd’hui. Il commence ensuite à aborder le problème de l’origine et l’évolution précoce du Système solaire.  Il a étudié  la formation des planètes telluriques pouvant expliquer l’origine de l’eau terrestre. Puis il s’est consacré  à l’origine du grand bombardement tardif de la Lune. Cette étude l’a amené à construire un modèle dynamique, dit « modèle de Nice », qui explique la structure actuelle du Système solaire externe, des orbites des planètes géantes à la structure de la ceinture de Kuiper. Ce modèle décrit une évolution du Système solaire jusque là inattendue, caractérisée par une phase d’instabilité orbitale des planètes géantes, il y a environ  4 milliards d’années.

Plus tard, il abandonne  la dynamique purement gravitationnelle pour étudier, avec simulations hydrodynamiques, l’évolution des planètes géantes au sein du disque de gaz dans lequel elles se sont formées, il y a 4,5 milliards d’années. En reliant cette évolution au processus d’accrétion des planètes telluriques et à l’évolution de la ceinture des astéroïdes, il a pu contraindre l’histoire de migration de la planète majeure du Système solaire. En particulier, il a montré  que Jupiter aurait d’abord migré  vers le Soleil jusqu’à atteindre une distance de 1,5 unité astronomique, avant de rebrousser chemin, suite à la formation de Saturne, et migrer vers l’extérieur jusqu’à sa position orbitale actuelle. Ce modèle explique, pour la première fois, pourquoi Mars est si petit par rapport à la Terre.
Pour ces travaux, Morbidelli a reçu la médaille de bronze du CNRS, la médaille « Urey » de la Division pour les Sciences planétaires de la Société Astronomique Américaine et le grand prix Mergier-Bourdeix de l’Académie des Sciences française. Il est actuellement un des éditeurs du journal international Icarus, dédié  aux sciences planétaires, éditeur associé  du journal « Celestial Mechanics and Dynamical Astronomy », ainsi que directeur du programme national de planétologie.