André Lebeau

 André LEBEAU (1932-2013)

 

André Lebeau, né le 4 mars 1932 à Montceau-les-Mines, est décédé des suites d’une très courte maladie le 25 février 2013.

Ancien élève du Lycée Saint-Louis et reçu major en 1952 à l’Ecole normale supérieure, André Lebeau participa à la deuxième expédition en Antarctique de l’Année Géophysique Internationale (1956-1958) pendant laquelle il construisit et mit en fonctionnement l’observatoire magnétique de la station Dumont d’Urville dont les résultats scientifiques fournirent la matière de sa thèse de doctorat (1965)  Les courants électriques dans l’ionosphère des régions polaires. Il fit son service militaire comme ingénieur hydrographe (1958-1961) au Service Central Hydrographique, devenu depuis Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM),  ce qui lui permit, par la suite, d’accéder au grade d’ingénieur en chef de l’armement de réserve.  Créateur et directeur du Groupe de Recherches Ionosphériques, un laboratoire jouissant du double statut de laboratoire propre du CNRS et de département du Centre national d’études des télécommunications (CNET), il contribua au développement initial de la recherche spatiale. Il entra au CNES en 1965 en qualité de directeur des programmes et des plans, puis à partir de 1972 de directeur général adjoint chargé des programmes et de la politique industrielle. En 1975, il fut nommé directeur général adjoint et directeur des programmes futurs et des plans de l’Agence spatiale européenne (ESA), nouvellement créée, et joua un rôle déterminant pour le lancement du programme Ariane, ainsi que pour celui de la mission Hipparcos. Il quitta l’ESA en 1980 pour prendre la direction de la Mission du Musée des sciences et de l’industrie qui était chargée de la création de la Cité de La Villette. En 1980, il fut élu professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire de techniques et programmes spatiaux rattachée au département d’économie et gestion, et présida ce département de 1984 à 1986. En 1986 il fut nommé directeur de la Météorologie nationale qu’il transforma en établissement public, Météo France, et dont il devint Directeur général. Il conduisit la décentralisation de Météo France à Toulouse, où il construisit la Météopole.  Dans le cadre de ces fonctions, il fut élu à la vice-présidence de l’Organisation météorologique mondiale et présida, de 1990 à 1994, le Conseil de l’organisation européenne des satellites météorologiques Eumetsat. En 1995 il fut appelé à la présidence du CNES, qu’il quitta en 1996 suite à un désaccord politique avec sa tutelle ministérielle sur l’ampleur de la participation française à la station spatiale internationale (ISS).

Elu  correspondant du Bureau des longitudes en 1972,  titulaire en 2001, il en présida les destinées en 2008 et 2009. André Lebeau était également membre de l’Académie de marine, et membre honoraire de l’Académie de l’air et de l’espace.

Membre très actif du Bureau des longitudes, et très attaché à la mission et au patrimoine de celui-ci, André Lebeau s’y est beaucoup investi dans la perspective de projets sociétaux qui lui tenaient à cœur, comme l’océanographie opérationnelle, l’émergence du programme européen GMES pour la surveillance de l’environnement et la sécurité et la navigation par satellite avec le système européen  Galileo. On lui doit en particulier des contributions majeures aux ouvrages du Bureau sur les enjeux stratégiques, scientifiques et techniques de Galileo (publication commune avec l’Académie de l’air et de l’espace et avec l’Académie de marine), et sur les Observatoires (Observer la Terre). C’est grâce aux relations établies statutairement par le Bureau avec le  SHOM qu’il a été amené, sur lettre de mission du ministre de la Défense, à jouer un rôle déterminant dans la transformation en établissement public administratif (EPA) de ce service en 2007.

Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sociétale dont, en particulier, L’enfermement planétaire (Gallimard, 2008) et  Les horizons terrestres : réflexions sur la survie de l’humanité (Gallimard, 2011).

Sous des dehors très calmes, André Lebeau développait une énergie considérable et faisait preuve d’un grand charisme et d’un sens élevé des relations humaines. Ce fut un homme de synthèse mêlant  ouverture  scientifique avec rigueur dans ses écrits.