Annie Souriau

Annie SOURIAU- THEVENARD

Géophysicienne, directrice de recherche émérite au CNRS.

Notice biographique

Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure de Fontenay-aux-Roses et agrégée de physique, elle a commencé sa carrière à l’Institut de Physique du Globe de Paris (1971). Elle y a passé un doctorat d’état en sismologie (1978) sur la structure du manteau terrestre. En 1979, elle rejoint le Groupe de Recherche en Géodésie Spatiale à Toulouse où est créée, sous l’impulsion de Michel Lefebvre, une structure CNRS destinée à faire le lien entre recherche fondamentale et expériences spatiales en physique de la Terre. Dans ce contexte, elle s’intéresse au géoïde, à ses relations avec la structure profonde de la Terre révélée par la sismologie, aux déformations terrestres (en particulier en s’impliquant dans le projet DORIS), et aux anomalies de sa rotation.
Après une année passée à l’Université d’Harvard (1983-84), puis six mois à Canberra (1988), son activité se recentre sur la sismologie, autour de deux pôles principaux: la sismologie des Pyrénées et la structure du noyau terrestre. Sous son impulsion, un réseau de surveillance sismique est installé dans les Pyrénées, il a permis d’obtenir la première image tri-dimensionnelle de la structure sous une chaîne de montagnes, et des cartes précises de sismicité. Un réseau accélérométrique pour l’étude des mouvements forts, et des expériences ciblées, ont permis l’évaluation du risque dans les zones exposées (en particulier pour le Plan de Prévention des Risques sismiques de la ville de Lourdes).

En ce qui concerne la structure profonde de la Terre, diverses études novatrices ont porté sur la structure et les propriétés de la discontinuité noyau-manteau, du noyau liquide et du noyau interne solide (ou graine), en parallèle au développement du réseau sismologique mondial GEOSCOPE. Les ondes sismiques traversant le noyau ont révélé une stratification du noyau liquide, avec une couche de plus forte densité à sa base. Elles ont permis de mettre en évidence l’anisotropie de la graine, son asymétrie, et l’absence d’une rotation différentielle significative par rapport au manteau. Ces résultats sismologiques ont une importance capitale pour la dynamique globale de la Terre et sa différentiation. En particulier, l’asymétrie de la graine peut s’expliquer par un mode de translation latérale de la graine à l’intérieur du noyau liquide pendant sa cristallisation.

Annie Souriau a par ailleurs participé à de nombreux conseils scientifiques, à l’Observatoire Midi-Pyrénées, au CNRS et à l’IRD, et a présidé le Groupement d’Intérêt Scientifique GIS-RAP (Réseau Accélérométrique Permanent, risque sismique) en 2008-2010. Elle a aussi accordé une grande importance à la diffusion des connaissances à tous les niveaux, en particulier par l’encadrement d’étudiants, la rédaction d’ouvrages et d’articles de vulgarisation, l’organisation de manifestations scientifiques, et l’animation d’un club Sciences-et-Citoyens du CNRS (2006-2010).
Annie Souriau est lauréate de l’Académie des sciences (Prix Binoux), pour ses travaux sur le manteau terrestre et le géoïde. Depuis 2001, elle est Fellow de l’American Geophysical Union, une distinction de renom pour les géophysiciens. Elle a été élue membre de l’Academia Europæa en 2004. En 2019, le prix du RAP lui a été attribué pour sa contribution à l’analyse du risque sismique, et la prestigieuse médaille Beno Gutenberg de l’European Geophysical Union est venue récompenser ses travaux sur le noyau.

Au Bureau des longitudes

Elue correspondante du Bureau des longitudes en 2010, Annie Souriau-Thevenard a succédé à Jean Coulomb, depuis le départ duquel il n’y avait plus de sismologue. A sa demande, elle est devenue correspondante honoraire en 2018.